L’astéroïde 2024 YR4 suscite l’attention depuis sa récente découverte par les astronomes. Cet objet céleste, appartenant à la catégorie des géocroiseurs, présente un risque de collision avec la Terre estimé à 2,3 % en décembre 2032. Bien que cette probabilité reste modérée, elle est nettement plus élevée que celle de la majorité des autres corps célestes surveillés. Ce danger potentiel a mobilisé la communauté scientifique, qui s’efforce de déterminer avec précision les conséquences d’un éventuel impact.
Un danger céleste à surveiller de près
Face à cette menace inhabituelle, les chercheurs ont choisi de recourir à un « temps d’observation d’urgence » avec le télescope spatial James-Webb. Cette mesure exceptionnelle a pour but d’obtenir des données plus précises sur les dimensions et les propriétés de 2024 YR4. Ces informations seront déterminantes pour évaluer l’ampleur des dégâts possibles si une collision devait avoir lieu.
Les spécialistes en défense planétaire rappellent que des objets de cette taille heurtent la Terre environ tous les mille ans. Le dernier événement de cette nature remonte à 1908 en Sibérie : l’explosion dite de Toungouska. La catastrophe avait été contenue grâce à l’isolement de la zone touchée, limitant les pertes humaines malgré l’intensité de l’explosion.
Selon les premières analyses, la puissance de destruction de 2024 YR4 serait légèrement inférieure à celle de Toungouska. La NASA estime son énergie potentielle à environ 8 kilotonnes de TNT, soit près de 500 fois la puissance de la bombe larguée sur Hiroshima. Une telle explosion pourrait raser une large zone urbaine et infliger des dégâts importants dans un rayon de plusieurs kilomètres.
Les régions du monde potentiellement exposées
David Rankin, ingénieur du Catalina Sky Survey, a effectué des simulations préliminaires pour anticiper les zones géographiques exposées. Ses calculs ont permis d’identifier un « couloir de risque » en lien avec la trajectoire actuelle de l’astéroïde. Ce corridor étroit s’étendrait du nord de l’Amérique du Sud jusqu’à l’Asie, en passant par l’Afrique subsaharienne et l’océan Pacifique.
Dans ce couloir, plusieurs régions densément peuplées apparaissent à risque, comme l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, l’Éthiopie, le Nigéria, le Venezuela ou encore la Colombie. Certaines grandes villes, telles que Chennai en Inde ou l’île chinoise de Hainan, pourraient également être concernées. À noter que des mégapoles comme New York ne figurent pas dans les zones actuellement identifiées comme menacées.
Rankin précise que les régions situées aux extrémités de ce corridor seraient exposées à un impact moins violent, en raison d’un angle d’entrée plus oblique de l’astéroïde dans l’atmosphère. Toutefois, il insiste sur le fait que ces prédictions restent à affiner avec davantage de données.
Quels seraient les dégâts en cas d’impact ?
Si 2024 YR4 devait heurter une ville fortement peuplée, les conséquences pourraient être dramatiques. Une agglomération entière comme Paris pourrait être pulvérisée instantanément. L’onde de choc générée détruirait les structures dans un périmètre de 19 kilomètres autour du point d’impact, provoquant des pertes humaines massives.
En cas de chute à proximité d’un littoral, l’astéroïde pourrait provoquer un tsunami de grande ampleur, étendant les dégâts à des zones côtières éloignées. L’événement de Toungouska, pour rappel, avait dévasté près de 80 millions d’arbres sur une surface de plus de 2 000 km² — soit environ deux fois la taille de New York.
La bonne nouvelle, c’est que nous disposons encore de plusieurs années avant la date critique. Ce temps précieux pourrait permettre aux chercheurs de mettre au point des solutions pour dévier ou neutraliser l’objet. Et à défaut de solution technique, il serait possible d’organiser des évacuations ciblées dans les régions à risque, réduisant ainsi les pertes humaines.
Une piqûre de rappel sur notre fragilité face à l’espace
La modélisation des impacts possibles liés à 2024 YR4 illustre notre vulnérabilité face aux menaces d’origine cosmique. Elle souligne l’importance cruciale des programmes de surveillance des astéroïdes géocroiseurs, piliers de la stratégie de défense planétaire. Ces efforts, s’ils sont poursuivis, pourraient un jour éviter un désastre à l’échelle mondiale.